« Démasquer Serge Romana », Communiqué du MIR – Mouvement International pour les Réparations
par Maître Claudette Duhamel, Janvier 2017
IL FAUT DEMASQUER ROMANA, CE “STEPHEN” DES TEMPS MODERNES
Quand on fait partie de ceux qui descendent des Africains déportés, réduits en esclavage puis
piégés dans un système d’assimilation mortifère organisant le déni d’humanité et la
soumission, on se trouve forcément face à un choix : soit l’acceptation soit le refus de ce
système.
Ce choix est lourd de conséquences dans un monde dominé par la prédation, le mensonge et
l’injustice.
Ceux qui acceptent la soumission pensent par la même obtenir succès et tranquillité grâce à
l’approbation et à l’aide des dominants qui, pour les récompenser de leur
allégeance consentent à leur accorder une toute petite place à leurs côtés.
Ceux qui refusent savent qu’ils s’engagent dans un chemin difficile semé d’embûches.
Méprisés, décriés persécutés par les dominants, trahis par les soumis, ils sont en permanence
en lutte pour survivre et pour faire advenir LA VÉRITE ET LA JUSTICE.
Durant toute la période de 4 siècles et demi, où le crime et l’horreur ont régné dans l’univers
concentrationnaire créé par des esclavagistes créoles dit « békés » ce choix s’est donc
imposé à nos ancêtres déportés : vivre libre ou mourir.
Ainsi, un certain nombre de ces milliers de femmes et d’hommes martyrisés, torturés, firent
le choix de fuir cet univers pour retrouver leur liberté tandis que d’autres, plus faibles face à
la férocité des blancs esclavagistes, choisirent de continuer à vivre dans un système qui
prétendait régir leurs corps mais aussi façonner leur esprit pour perpétuer leurs conditions
serviles.
Cependant il faut savoir que parmi ceux qui avaient choisi de continuer à vivre dans la
plantation, il y en avait certains qui espéraient que la liberté viendrait et qui admiraient ceux
qui osaient affronter les criminels. Tout comme il y avait ceux qui, pensant que la liberté
était hors de portée, une licorne, faisaient résolument allégeance au système du maître le
défendant même contre les opposants qu’ils considéraient comme des faiseurs de
désordres, remettant en cause l’ordre de la plantation si bien organisée.
Cette opposition s’est manifestée clairement en Guadeloupe quand en mai 1802, Napoléon
a décidé d’y rétablir l’esclavage qui avait été aboli par les révolutionnaires français,
en Guadeloupe et en Martinique.
Nous avons vu des Africains déportés tel Pelage, se placer résolument du côté des
esclavagistes, et s’opposer à d’autres tels IGNACE puis DELGRES, eux qui avaient fait le choix
de combattre pour la liberté au prix de leur vie.
Dans une certaine mesure, le chantre de la négritude Aimé CESAIRE s’est trouvé confronté à
ce choix en 1946, après la guerre. Il avait la possibilité de choisir la liberté, la souveraineté de
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notre peuple encore sous domination coloniale et régi par un statut esclavagiste d’affranchi,
mais il fit le choix de l’assimilation à la France.
Aimé CESAIRE devait très vite regretter ce choix car il ne mit pas longtemps à comprendre à
l’occasion de l’exercice du pouvoir dit « local » qu’aucun peuple ne pouvait exister librement
dans un système d’assimilation qui n’est que le prolongement de l’aliénation et donc de la
négation de ce peuple.
S’il revendiqua une forme d’autonomie, il n’eut jamais le courage de reconnaître que seule la
sortie de ce système prédateur était de nature à mettre fin aux errements de nos peuples qui
continuent encore aujourd’hui de voguer selon la boussole de l’Etat français.
Aujourd’hui le problème est toujours prégnant. Nous sommes toujours dans une position de
soumission ou de refus d’un système qui nie notre qualité pleine et entière de personne
humaine.
Un film sorti en 2012 illustre cette lutte toujours présente dans nos sociétés prétendument
post esclavagistes : DJANGO UNCHAINED.
Au travers de ce film, nous voyons bien que nous, descendants d’Africains déportés et réduits
en esclavage, avons toujours le choix d’être soit un des personnages du film
dénommé Stephen, soumis au maître, le flattant et dénonçant tous ses frères qui voudraient
se libérer, soit un DJANGO qui se bat à sa manière pour sa liberté et celle de sa belle.
Quand on examine la démarche et les écrits de Monsieur ROMANA, on s’aperçoit qu’il a
résolument fait le choix d’être du côté des esclavagistes, de travailler avec eux et surtout de
veiller à ne leur imputer aucun crime, aucune responsabilité dans les conséquences d’un crime
pourtant évidentes et désastreuses sur nos peuples.
Pour Monsieur ROMANA, Il n’y a pas de criminels il n’y a que des victimes à qui il faut rendre
hommage.
A tel point que M. ROMANA ne veut surtout pas entendre parler des « DJANGO », c’est-à-dire
des combattants qui ont marqué cette douloureuse histoire de l’esclavage, de ceux qui ont
payé de leur vie pour la libération des victimes.
A tel point que lors de son passage sur Martinique 1er
dans l’émission décryptage du 24 juin
2016 (https://www.dailymotion.com/video/x4i66ug_decryptage-24-juin-2016-serge-
romana_news), nous avons été sidérés, le journaliste y compris, de l’entendre dire que les
dates retenues par la Guadeloupe et la Martinique pour rendre hommage à nos héros qui ont
mené une véritable révolution anti-esclavagiste, n’étaient pas pertinentes puisqu’aux travers
de ces dates nous ne rendons pas hommage à nos ancêtres mais à des pseudos héros qui n’ont
même pas fait de révolution puisqu’ils n’ont pas tué tous les esclavagistes !!!
Selon lui, il ne faut penser qu’aux victimes et se battre pour leur rendre hommage à elles
seules !!! Comme si en rendant honneur aux héros qui ont lutté et ont trouvé la mort pour
justement libérer ces victimes nous oublions ces dernières, alors que la plupart, à leur
manière, ont œuvré dans l’ombre à cette lutte.
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Monsieur ROMANA ignore-t-il que certaines de ces victimes, malgré la cruauté des sanctions
infligées par les esclavagistes, prenaient elles aussi des risques notamment en empoisonnant
leurs nourritures ou leurs boissons ?
Pourquoi au nom de la « mémoire des victimes » devrait-on nier la réalité des luttes
incessantes de nombreux Africains déportés qui ont payé de leur vie leur rébellion, pour ne
voir en eux que des victimes prétendument consentantes.
En réalité ces héros, si décriés par le sieur ROMANA, gênent surtout ses amis békés. Ils ne
veulent pas en entendre parler car ce sont ces héros qui ont mis fin à leur système inique, ce
sont eux qui ont levé la main sur eux, qui ont pris la vie de certains de leur grands parents.
Je n’oublierai jamais les propos d’un homme politique de droite, allié des békés, disant il n’y
a pas si longtemps « pourquoi commémorer une telle date (le 22 mai), car ce jour-là, ces
sauvages ont tué des enfants et des femmes sans défense et mis le feu dans les habitations,
c’était des criminels.»
Encore aujourd’hui, les békés et leurs sbires ne sont pas en mesure de voir l’horreur de leur
crime et estiment que les quelques personnes de leur caste qui ont perdu la vie valaient
beaucoup plus que les millions d’Africains, victimes de leurs crimes.
S’ils viennent travailler avec M. ROMANA dans une fondation à la mémoire de l’esclavage
c’est pour éviter que la vérité ne soit enfin rétablie et empêcher que n’émerge la connaissance
de l’ampleur des crimes commis par leurs ancêtres, et surtout que n’advienne la réparation,
seule démarche saine et objective pour l’avènement d’un peuple libre débarrassé des
horreurs du système esclavagiste.
À la lecture du texte fondateur de cette fondation, nous comprenons bien qu’il s’agit pour ces
blancs créoles « békés » de réhabiliter la mémoire de leurs ancêtres esclavagistes et de leur
éviter toute responsabilité, donc toute réparation.
Puisqu’aucune accusation ne sera donc formulée contre les blancs créoles, ils continueront à
glorifier leurs ancêtres criminels et à les présenter comme de « grands capitaines
d’industrie » (regardez les sites de certains békés sur internet et vous comprendrez).
Les afro-descendants quant à eux continueront à rendre hommage tous les 23 mai grâce à
M.ROMANA à des grands parents victimes sans gloire, sans héros, sans honneur puisque
finalement ils se seraient réduits en esclavage tous seuls dès lors qu’il n’y a pas de criminels.
Ainsi les HAYOT, DE LUCIE, DE JAHAM en se donnant bonne conscience dans une fondation
avec des ROMANA et autres traites négationnistes, pourront continuer à jouir tranquillement
de leur fortune bâtie sur la sueur et le sang de nos ancêtres qui, pendant plus de 400 ans, ont
travaillé dans des conditions atroces sur les plantations de leurs grands-parents esclavagistes.
Monsieur ROMANA se réjouira des quelques euros qu’ils voudront mettre dans cette
entreprise alors que si ces blancs créoles avaient une once de sincérité, de dignité et
d’humanité, ils auraient tout naturellement et tout simplement restitué aux victimes le
produit du crime contre l’humanité commis par leurs ancêtres, et reconnaissant que ces
derniers étaient des criminels, ils auraient humblement demandé pardon en leur nom.
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Mais ils ne le feront jamais car ils continuent tout comme leurs ancêtres à être des criminels
préférant continuer à jouir impunément du produit du crime contre l’humanité et à faire
l’apologie de ce crime en vantant tout à la fois la pureté de leur race et la richesse de la
culture créole induite par l’esclavage, au sein d’associations à fondements racistes destinées
à perpétuer à tronquer la mémoire du crime et à maintenir l’oubli de nous-même.
En cautionnant ce crime multiséculaire dont ils continuent à tirer profit, ils sont
définitivement inaptes à prétendre partager une quelconque mémoire avec nous, sauf à
accepter leurs qualités de criminels devant permettre de les renvoyer directement devant un
juge.
Ils sont d’autant moins qualifiés à partager mémoire de la souffrance de nos ancêtres
qu’ils continuent à perpétuer les crimes contre les afro-descendants sous d’autres formes en
les dépouillant et en les empoisonnant.
Il suffit de voir comment ils s’emparent du fruit de notre labeur grâce à la complicité des
gouvernants français qui leur assurent de gros revenus en leur octroyant d’énormes
subventions, ou comment, aux commandes de structures tel Banamart, ils dépouillent les
agriculteurs Martiniquais.
Il suffit de voir avec quelle facilité, toujours avec la bénédiction de l’Etat français, leur allié de
toujours, ils nous empoisonnent et nous réduisent quasiment à la mendicité en polluant notre
potentiel productif (terre, forêt, rivière et mer) au moyen de l’utilisation des produits
toxiques.
N’est-il pas horrible de voir que le représentant de l’Etat français les a récemment autorisés
à épandre d’autres polluants dangereux après l’empoisonnement de nos terres et de nos eaux
par le chlordécone, et alors qu’une plainte les mettant en cause a été déposée depuis de
nombreuses années.
Ainsi les blancs créoles, après avoir réduits nos ancêtres dans la servitude la plus ignoble qui
soit pour s’enrichir, après nous avoir dépouillés au plan économique et empoisonnés en
toute impunité, tentent de s’approprier la mémoire de l’esclavage, en réécrivant ce crime
contre l’humanité aux fins de nier la responsabilité de leurs ancêtres esclavagistes et la leur
actuellement, de réduire à néant toutes nos luttes pour la vérité et la justice, et finalement
de faire de nous des zombis, des victimes sans consistance, sans dignité et sans honneur.
Finalement le « Stephen » des temps modernes est pire que celui que nous voyons dans
DJANGO UNCHAINED. Il utilise la lutte de ceux qui se battent pour l’avènement de nos
peuples à l’existence, pour donner des garanties d’impunité aux descendants des
esclavagistes et à l’Etat français, et leur permettre de continuer toujours à œuvrer dans leurs
agissements criminels.
Monsieur ROMANA, dans son désir d’être un grand nègre de la république bien placé, ne sait
même pas de quelle lutte il est l’enjeu ; Il n’a aucune idée de l’arrière-pensée de ses alliés
békés. Il est ce qu’ Aimé CESAIRE appelait un « jouet au carnaval des autres ».
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Il nous a montré qu’il n’aime pas que l’on compare la souffrance des victimes de la Shoa avec
celle de nos ancêtres, trop lointains, trop frustes. Mais tout de même je suis certaine qu’il
n’oserait même pas imaginer qu’une fondation puisse réunir les héritiers de Nazis, portant
toujours leur croix gammées, vivant dans l’admiration d’Hitler, et les victimes de ce crime.
Or, c’est cette alliance totalement indigne que M. ROMANA nous propose ! Les alliés de
M. ROMANA continuent à admirer leurs ancêtres esclavagistes (voyez le sieur DE JAHAM avec
son grand arbre généalogique), à prôner la pureté de leur race, à vivre à part dans l’opulence
de leur fameux « ghetto luxueux » du Cap Est en Martinique.
La démarche de M ROMANA et de ses alliés pouvant avoir des conséquences dramatiques
pour notre peuple, il est de notre devoir de dénoncer ses actions, et de rappeler la réalité
telle qu’elle est, afin que tous les afro descendants qui le suivent et qui sont trompés par ses
gesticulations, ne prétendent pas qu’ils ne savaient pas et qu’ils n’avaient pas compris.
L’heure de nous-même n’a peut-être pas encore sonné, mais il est certain qu’elle va sonner
en dépit de toutes les trahisons et renoncements.
Les blancs créoles ne parviendront pas à leurs fins, car des consciences se sont éveillées, des
femmes et des hommes sont maintenant debout et éclairés, car des chercheurs de vérité
veillent désormais à ce que plus jamais la mémoire de nos ancêtres ne sombre dans l’oubli et
la falsification.
Il ne faut d’autant moins pas douter, que finalement le désir de vérité et de justice est en
chacun de nous qui subissons dans notre chair et dans nos esprits les conséquences du crime,
et s’il y a beaucoup de Stephen, il y a aussi de nombreux combattants silencieux, méprisant
les traitres à notre lutte.
Il y a chez nous, au fond de nous, une forme de rejet inconscient de ces femmes et ces
hommes traitres qui, même quand ils sont parvenus à ce qu’ils pensent être la gloire (un poste
au sein du gouvernement français ou une médaille récompensant leurs compromissions) n’en
sont pas moins méprisés de leur vivant puis très vite oubliés par le peuple.
C’est pourquoi le révisionnisme et le négationnisme mis en mouvement par les békés, l’État
français et ses alliés, n’ont aucune chance de triompher.
Souvenez-vous bien qu’en Martinique et en Guadeloupe nous n’honorons que les véritables
combattants de la liberté qui jusqu’en 1870 et au-delà ont payé de leur vie leur lutte pour la
liberté : IGNACE, DELGRES, SOLITUDE, LUBIN, TELGA, LUMINA SOPHIE, ROSALIE SOLEIL, etc.
Tous ces hommes politiques de droite ou de gauche qui se sont alliés aux békés et à l’Etat
français contre la libération réelle de notre peuple sont tombés dans l’oubli.
Pour le MIR, MOUVEMENT INTERNATIONAL POUR LES REPARATIONS
Par Claudette Duhamel
le 22 janvier 2017
Communication du MIR-MARTINIQUE / +596 696 189 194 / martinique.mir@gmail.com