La domination continue au 19e siècle.

Par Rosa Amelia PLUMELLE-URIBE

Soulignons tout d’abord que dans n’importe quel continent, l’absence d’attaques ou agressions extérieures est une condition
indispensable pour qu’il y soit possible une évolution sociale, culturelle, économique. Bien entendu, l’absence d’attaques
extérieures ne garantit pas automatiquement le développement d’un continent, mais, il s’agit d’un préalable sans lequel
aucune possibilité de développement n’est viable.
L’historien Marc Bloch un des pères fondateur de la revue Annales d’histoire économique et sociale plus connue comme
l’Ecole des Annales a étudié l’impact et les effets des attaques extérieures sur l’évolution sociale, économique, culturelle des
sociétés agressées. Il en ressort que, lorsque les agresseurs étaient enfin repoussés, le prix payé et à payer demeurait lourd de
conséquences pour les sociétés agressées, dont les pertes économiques étaient alourdis par les pertes démographiques. Car,
pendant que les hommes se battaient contre les attaquants, les champs étaient laissés à l’abandon, les cultures étaient
interrompues et la brousse reprenait ses droits. Or, les pertes en vie humaines compliquaient sévèrement la situation de la
population au moment même où il fallait beaucoup plus de bras pour reprendre les travaux et essayer de rattraper le temps
perdu à cause de la guerre. C’était ainsi que des villes autrefois prospères devenaient des hameaux misérables.
Voici comment Marc Bloch a résumé les effets des attaques extérieures sur les sociétés de l’Europe occidentale : « De la
tourmente des dernières invasions, l’Occident sortit couvert de plaies. Les villes mêmes n’avaient pas été épargnées, du
moins par les Scandinaves, et si beaucoup d’entre elles, après le pillage ou l’abandon, se relevèrent tant bien que mal de
leurs ruines, cette brèche dans le cours régulier de leur vie les laissa pour longtemps affaiblies. D’autres furent moins
heureuses : les deux principaux ports de l’empire carolingien sur les mers septentrionales, Durstede sur le delta du Rhin,
Quentovic à l’embouchure de la Canche, tombèrent définitivement au rang, le premier d’un médiocre hameau, le second
d’un village de pêcheurs. […] Surtout les campagnes souffrirent affreusement, au point d’être parfois réduites en véritables
déserts. […] Mais sans doute l’effet le plus durable, en tous lieux, se résuma-t-il dans une terrible déperdition de forces.
Lorsqu’une sécurité relative eut été établie, les hommes d’eux-mêmes diminués en nombre, se trouvèrent devant de vastes
étendues, jadis cultivées, qu’avait recouvertes la brousse. La conquête du sol vierge, encore abondant, en fut retardée de
plus d’un siècle. Aussi bien ces ravages matériels n’étaient-ils pas tout. Il faudrait également pouvoir mesurer le choc
mental » 1 .
A partir de ce constat et aussi de l’évolution démographique, sociale et culturelle qu’a connue l’Occident après le 10 e siècle,
Marc Bloc a conclu : « Quelque riche en enseignement que soit l’étude des dernières invasions, il ne faudrait pas cependant
laisser ses leçons nous masquer un fait plus considérable encore : l’arrêt des invasions elles-mêmes. Jusque-là ces ravages
par des hordes venues du dehors et ces grands remuements de peuples avaient véritablement donné sa trame à l’histoire de
l’Occident, comme à celle du reste du monde. Dorénavant, l’Occident en sera exempt. A la différence, ou peu s’en faut, du
reste du monde. Ni les Mongols, ni les Turcs ne devaient faire plus tard autre chose qu’effleurer ses frontières. Il aura certes
ses discordes ; mais en vase clos. D’où la possibilité d’une évolution culturelle et sociale beaucoup plus régulière, sans la
brisure d’aucune attaque extérieure ni d’aucun afflux humain étranger » 2 . Plus loin, lorsqu’il analyse les évolutions
nationales vers la reconstitution des Etats, Bloch a encore souligné : « L’arrêt des invasions avait libéré les pouvoirs royaux
et princiers d’une tâche où s’usaient leurs forces. En même temps, il permettait le prodigieux essor démographique que
dénonce à partir du milieu du XIème siècle, la poussée des défrichements. La densité accrue de la population ne rendait pas
seulement le maintien de l’ordre plus aisé. Elle favorisait aussi le renouveau des villes, de l’artisanat et des échanges » 3 . A
cette situation que nous pouvons appeler période de grâce pour l’Europe occidentale, s’est ajouté le butin produit des
spoliations et dévastations commises par les Occidentaux dans d’autres continents dès le 15 ème siècle.
L’Afrique noire entre le 8 e et le 16 e siècle
Ici, je m’appuierai, fondamentalement, sur les résultats des recherches faites par Madame Diop-Maes 4 . Elle a cherché et
étudié les textes traduits des auteurs arabes et soudanais relatifs à l’Afrique noire du 8 e au 17 e siècle, elle a relevé tous les
détails concernant le nombre des habitants et les a confronté avec ce qu’en avaient dit les voyageurs et les navigateurs
européens des 15 e , 16 e et 17 e siècles. Puis elle a inventorié assez de textes contemporains relatant les résultats des fouilles
archéologiques sur le plus grand nombre possible de territoires de l’Afrique noire et les a comparé avec les dires des témoins
de l’époque précoloniale. Grâce à ce travail, nous savons (et le lecteur exigeant peut vérifier) que les témoignages laissés par
les voyageurs arabes entre le 8 e et le 17 e siècles, ainsi que les récits des premiers navigateurs européens (portugais et
hollandais) ayant débarqué en Afrique entre la 15 e et le 17 e siècles, s’accordent pour décrire des pays assez densément
peuplés avec une abondante production artisanale, un commerce actif et varié et des habitants en très bonne santé. Ces
voyageurs ont apprécié l’atmosphère de sécurité et confiance que se respirait y compris lorsqu’ils se déplaçaient dans la
campagne. Cette tranquillité es incompatible avec des pays en guerre ou frappés par la pauvreté et la misère ; elle était

1 Marc Bloch, La Société féodale. La formation des liens de dépendance. Les classes et le gouvernement des hommes, Paris, Albin Michel,
1982, pp. 73, 74-75.
2 Ibid, p. 95.
3 Ibid, p. 582.
4 Louise Marie Diop-Maes, Afrique Noire Démographie Sol et Histoire, Paris, Présence africaine, 1996.

possible grâce surtout à une situation de paix et de prospérité jointes à une politique qui assurait à chacun la satisfaction de
ses besoins fondamentaux.
Mais, à partir du 15 e siècle, avec les attaques portugaises et marocaines, l’évolution du continent et le destin des Africains ont
été brutalement ébranlés et cela n’était que le début d’un bouleversement qui devait se prolonger des siècles durant. Si bien
qu’à présent, nous n’arrivons plus à imaginer ce que l’Afrique noire était avant sa dévastation par les négriers européens
chrétiens et juifs ainsi que par les négriers arabo-musulmans. Madame Diop-Maes souligne que Léo Frobénius est l’un de
ceux qui s’en était le mieux rendu compte : « Lorsqu’ils arrivèrent dans la Baie de Guinée… les capitaines (premiers
navigateurs européens) furent fort étonnés de trouver des rues bien aménagées, bordées sur une longueur de plusieurs lieux
par deux rangées d’arbres, ils traversèrent pendant de longs jours une campagne couverte de champs magnifiques, habitée
par des hommes vêtus de costumes éclatants dont ils avaient tissé l’étoffe eux-mêmes ! Plus au sud, dans le royaume du
Congo, une foule grouillante habillée de ‘soie’ et de ‘velours’, de grands Etats bien ordonnés, et cela dans les moindres
détails, des souverains puissants, des industries opulentes. Civilisés jusqu’à la moelle des os ! Et toute semblable était la
condition des pays de la côte orientale, la Mozambique par exemple. Les révélations des navigateurs du 15 e au 17 e siècle
fournissent la preuve certaine que l’Afrique nègre qui s’étendait au sud de la zone désertique du Sahara était encore en plein
épanouissement dans tout l’éclat des civilisations harmonieuses et bien formées. Cette floraison, les conquistadores
européens l’anéantissaient à mesure qu’ils progressaient » 5 .
La dévastation de l’Afrique noire
L’historien anglais Basil Davidson qui a travaillé sur les échanges commerciaux entre l’Afrique noire et la Chine et l’Inde
rapporte ceci : « La période entre 500 et 1500 apr. J.-C. fut le millénaire du commerce maximal entre l’Afrique orientale et
les pays maritimes de l’océan Indien. Ce fut aussi le millénaire de la croissance et de l’expansion maximales de la culture de
l’Âge du Fer dans l’Afrique orientale et méridionale » 6 . Les marins européens qui dans les dernières années du 15 ème siècle
arrivaient sur ces contrées africaines, « mouillaient dans des ports pleins de bateaux de haute mer. Ils atterrissaient dans des
villes aussi belles qu’ils pouvaient en avoir connues en Europe. Ils contemplaient un florissant commerce maritime d’or, de
fer, d’ivoire, de carapaces de tortues, de perles, de cuivre, de cotonnades, d’esclaves et de porcelaines, et s’apercevaient
qu’ils étaient tombés dans un monde commercial encore plus large, et peut-être plus riche, que tout ce que l’Europe
connaissait » 7 . Les richesses incalculables de ce commerce aiguisèrent la cupidité des envahisseurs et il s’ensuivit une série
d’agressions sanguinaires contre Kiloua, Mombassa, Zanzibar, Brava, le pays de Sofala, l’empire de Mutapa et d’autres cités.
Le pouvoir de l’artillerie joint à la violence des attaquants, ne pouvait pas être plus dévastateur face à une population qui ne
connaissait pas les armes à feu. Et pourtant, il y a bien eu de la résistance. Mais, ceux qui résistaient étaient condamnés à
l’anéantissement car la brutalité des agresseurs, comme le montre le calvaire de Mombasse, n’avait aucune limite : « En 1505
les Portugais menacent Mombassa qui résiste. Aidés par des alliés africains, les habitants se battent contre les Portugais
dans les rues de la ville jusqu’au palais du roi. (…) La ville fut mise à sac et incendiée. Plus au nord, Barawa subit le même
sort. En 1528 Mombassa était de nouveau attaquée. Après quatre mois d’occupation, les Portugais rasèrent la ville. En
1569, Mombassa s’était repeuplée. (…) A nouveau les Portugais attaquèrent Mombassa dont les habitants résistèrent et
infligèrent des lourdes pertes aux attaquants avant d’être écrasés. La ville fut à nouveau rasée et la tête du roi emmenée et
exhibée à Gao (en Inde) lieu de résidence principal du représentant du roi du Portugal dans l’océan Indien » 8 .

De son côté, en 1585 l’empire de Songhaï attaqué par les Arabes venus du Maroc fut dépouillé de ses grandes mines de sel de
Taghâza. Et à partir de 1591, c’est tout l’empire Songhaï qui est attaqué, mis à sac et dévasté par les Marocains bien décidés à
s’emparer de l’or africain. Grâce à la supériorité des armes à feu, les agresseurs marocains écrasèrent l’armée songhaï et
noyèrent dans le sang les différentes tentatives de résistance. Voici comment l’invasion marocaine est décrite dans une
chronique locale de l’époque : « Tout changea à ce moment : le danger se substitua à la sécurité ; la misère à l’opulence ; le
trouble, les calamités et la violence succédèrent à la tranquillité. Partout les gens s’entre-dévorèrent ; en tous lieux et en tous
sens les rapines s’exercèrent et la guerre n’épargna ni la vie, ni les biens, ni la situation des habitants. Le désordre fut
général, il se répandit partout, s’élevant au plus haut degré d’intensité. (…) Un grand nombre de personnes succombèrent à
la famine et la disette fut telle qu’on mangea les cadavres des bêtes de somme et d’êtres humains… Puis la peste vint à son
tour décimer la population et fit périr bien des gens que la famine avait épargnés… Tous les vieillards furent unanimes à dire
qu’ils n’avaient jamais vu une telle calamité et qu’aucun des vieillards qui les avaient précédés ne leur avait rien raconté de
semblable » 9 .
La multiplication des attaques européennes et des attaques arabes contre l’Afrique noire, installèrent dans ce continent une
situation chaotique d’instabilité, d’agressions extérieures, de guerre et d’insécurité de plus en plus généralisée. Mis à feu et à
sang d’un côté par les agresseurs chrétiens et juifs et d’un autre côté par les agresseurs arabo-musulmans, ce continent est
devenu le théâtre d’une chasse à l’homme sans précédent. Sous la pression de la demande extérieure, les razzias furent
multipliées pour alimenter les traites des Noirs transatlantique et transsaharienne. Les mêmes causes produisant les mêmes
effets, on vérifie en Afrique la justesse de l’étude faite par Marc Bloch concernant l’impact et les effets des attaques
extérieures sur l’évolution démographique, sociale, économique et culturelle des sociétés agressées. Avec, pour l’Afrique, un
aggravant de taille : la situation chaotique d’instabilité et d’insécurité installée par les négriers européens et arabes, s’est
5 Léo Frobénius, Histoire de la civilisation africaine, trad. 1952, Paris, Gallimard, pp. 14 à 18, in Diop-Maes, op. cité, pp. 194-195.
6 Basil Davidson, L’Afrique avant les Blancs, Paris, PUF, 1962, p. 211.
7 Ibid., p.177.
8 Diop-Maes, op. cité, p. 207.
9 Es-Sa’di, Tarikh es-Sudan, in Diop-Maes, Ibid., pp. 77 et 208.

prolongée, de manière ininterrompue, pendant plusieurs siècles. Ce qui a provoqué fatalement la destruction de l’économie,
du tissu sociale et le dépeuplement de ce continent dont la population fut divisée par trois ou davantage. Car, comme l’a
souligné Madame Diop-Maes « le déficit démographique subit par l’Afrique noire s’explique beaucoup moins par les
effectifs exportés, même avec une forte proportion de femmes, que par l’insécurité omniprésent et permanente » 10 . Le cumule
des traites européennes et arabes non seulement a freiné l’évolution sociale, économique, culturelle et démographique de
l’Afrique noire entre le 15 e et le 19 e siècle, mais, ce qui est plus grave, a dévasté et ruiné durablement le continent. C’est
pourquoi, Arabes et Occidentaux sont comptables de la destruction de l’Afrique noire. En conséquence, les Africains ont le
droit légitime d’exiger réparations à ceux qui, des siècles durant mirent leur pays à feu et à sang pour se procurer des captifs
qu’ils réduisaient et maintenaient en esclavage en Amérique et dans les pays arabo-musulmans.
Cependant, je n’insisterai pas ici sur la dette des Arabo-musulmans à l’égard des Africains, car les pays occidentaux dont la
France, n’ont pas à répondre pour les crimes contre l’humanité commis par les Arabes. Or, tous les pays occidentaux y
compris la Suisse, la Suède ou la Dinamarca participèrent à la déportation massive d’Africains vers l’Amérique. Mais, les
plus impliqués dans ce crime ont été le Portugal, la Hollande, l’Angleterre et la France, sans oublier que l’Espagne était la
puissance coloniale qui accordait aux négriers, juifs et chrétiens, l’autorisation (asiento) pour introduire les captifs razziés en
Afrique dans ses colonies en Amérique.
Domination coloniale = crime contre l’humanité
Réunis à Berlin en 1884-1885, les esclavagistes occidentaux qui avaient mis à feu et à sang et quasiment dépeuplé l’Afrique,
se sont mis d’accord pour abattre, dépecer et se partager le continent. Dès lors, les populations africaines, lesquelles avaient
cruellement besoin de panser leurs blessures, combler le déficit démographique et reconstituer leur tissu socio-économique
dévasté par la traite des Noirs, ces populations sont devenues la cible d’une guerre d’agression particulièrement meurtrière.
Ces guerres dites de conquête et colonisation, étaient une entreprise foncièrement criminelle et ont eu des effets
d’extermination sur des populations déjà sévèrement éprouvées. L’accumulation des effets désastreux de la traite additionnés
aux effets non moins désastreux de la colonisation, doivent être évalués et intégrés dans le passif de la dette que les anciens
colonisateurs ont à l’égard de l’Afrique noire. Et cela, indépendamment des complicités et collaborations locales dont
négriers et colonisateurs auraient bénéficié.
Prolongation de la domination coloniale
L’Etat français a été une puissance coloniale par excellence. Or, à la lumière des faits, on peut constater que les guerres de
conquête et la domination coloniale dans sa forme classique étaient un crime contre l’humanité. Cependant, après les
indépendances très contrôlées par les anciennes métropoles, la France n’a pas cessé de renforcer l’asservissement de ses
anciennes colonies y compris par le recours à des moyens militaires. Il faut se rappeler que les dettes contractées par les
puissances coloniales pour se procurer les devises étrangères dont elles avaient besoin à la sortie de la guerre après 1945, ces
dettes furent transférées aux futures Etats indépendants. Par conséquent, ces Etats sont nés avec une dette à cause de laquelle
le FMI pouvait leur imposer les plans d’ajustement structurel générateurs de régression sociale et économique et de
paupérisation sans limites. Tous les pays indépendants jouissent d’une souveraineté monétaire sauf les anciennes colonies
françaises dont la Banque de France se réserve le droit de contrôler les comptes extérieurs. Et les Patriotes qui, comme
Sylvanus Olympio ancien Président togolais ou Thomas Sankara ancien Président de Burkina Faso, voulaient que leur pays
accèdent à la souveraineté monétaire, ont été assassinés et remplacés par des crapules acquis aux intérêts de la métropole.
Conclusion
Nombre de Français ignorent la responsabilité de leur pays dans la déportation massive d’Africains en Amérique, d’autres,
même de bonne foi, pensent qu’il s’agit d’un passé lointain et ne voient aucun rapport entre la traite des Noirs et la situation
actuelle de l’Afrique noire. Il y a aussi ceux qui croient, vraiment, que « grâce à la colonisation on a quand même apporté aux
Indigènes les avantages du progrès… ». En France, la violence coloniale et le racisme ne sont pas des faits isolés, ils sont de
nature structurelle et font partie du fonctionnement des institutions à tous les niveaux ; en témoigne la loi française du 23
février 2005 portant reconnaissance des aspects positifs du colonialisme. Un peu comme si le Parlement de l’Allemagne
approuvait une loi portant reconnaissance des aspects positifs du nazisme, au motif que « Le gouvernement nazi suscita le
rêve d’une voiture populaire, introduisit le concept de vacances pratiquement inconnu jusqu’alors, doubla le nombre des
jours fériés et se mit à développer le tourisme de masse dont nous sommes aujourd’hui familiers. (…) Ainsi, l’exonération
fiscale des primes pour le travail de nuit, les dimanches et les jours fériés accordés après la victoire sur la France, et
considérée jusqu’à sa remise en cause récente comme un acquis social » 11 . Un tel projet de loi est impensable dans le
Parlement allemand, parce qu’il y a des victimes dont la souffrance et la mémoire méritent un respect permanent ; en
revanche, comme nous l’a montré le Parlement français, il y a d’autres victimes dont la souffrance et la mémoire sont
permanemment ignorés.
Il faut que les humanistes français, surtout les plus éclairés, agissent auprès de leur gouvernement pour que celui-ci mette fin
à la politique criminelle qu’il mène dans ses anciennes colonies africaines. Il est temps d’assumer que dans une démocratie, le
peuple est comptable des forfaitures commises ailleurs par les gouvernements qu’il élit démocratiquement.

10 Diop-Maes, Ibid, p. 234.
11 Götz Aly, Comment Hitler a acheté les Allemands, Paris, Flammarion, 2005, pp. 9 et 28.

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